Mobilités professionnelles
Genèses n°122, 2021, éditions Belin
Cédric Hugrée, Paul Lehner et Jean-Baptiste Paranthoën (dirs.)
Érigés en norme pour « faire carrière » dans certains milieux professionnels, les changements d’emplois sont surtout indissociables du risque accru d’être au chômage et de l’essor des emplois précaires, notamment en début de vie active (Rouxel et Virely 2012). Les enquêtes de la statistique publique offrent aujourd’hui des outils variés et précis pour restituer les emplois occupés par les individus au fil du temps et en identifier les déterminants (Duhautois, Petit et Remillon 2012). Pourtant, la multiplication des quantifications des déplacements professionnels des individus n’a pas abouti à des résultats convergents sur la progression de la mobilité (L’Horty 2004) : s’il existe aujourd’hui de nombreux indicateurs qui rendent compte des différentes facettes des déplacements socioprofessionnels, ceux-ci apparaissent d’abord dépendants des cycles économiques mais aussi des enquêtes, outils et échelles permettant de les quantifier (Chenu 1993). Ce constat implique a minima l’utilisation du pluriel pour prendre en compte la diversité des changements de situation sur le marché du travail.
Ce dossier de Genèses propose de dépasser les cloisonnements disciplinaires pour contribuer à renouveler l’étude des cheminements professionnels. Alors que la mobilité sociale est le plus souvent entendue comme l’évolution des positions entre les générations, la mobilité professionnelle concerne les changements que connaît un même individu vis-à-vis de l’emploi au cours de sa vie active. Cette partition est le résultat d’une série d’enjeux méthodologiques et théoriques liés notamment à l’utilisation de catégories statistiques qui ont contribué à séparer deux objets d’études pourtant proches…
Cédric Hugrée est sociologue, chargé de recherche au CNRS, membre du CRESPPA-CSU